4 avril 2024

Les ENTs, le papier et ABC-Applications


Les ENTs ont planté, ont été piratés, ne fonctionnent plus, n’ont pas supporté une montée en charge imprévue, etc. Oui, la technologie, l’informatique, le progrès, de temps en temps cela ne fonctionne pas, c’est dangereux (perte de données, fuite de données, piratages, etc.). Le pire est que lorsque cela fonctionne bien, on s’habitue, on devient dépendant des technologies, qui font encore plus de dégâts lorsqu’elles ne fonctionnent plus.

Les téléphones Blackberry ont disparu après 3 jours de plantage du système de messagerie, tous les chefs d’entreprises qui avaient choisi Blackberry pour plus de sécurité, sont passés à l’iPhone, car ils avaient besoin de la messagerie et que trois jours, c’était trop long. La première des sécurités, c’est que cela fonctionne.

Attention, je ne jette pas la pierre aux ENTs, je suis en train d’en construire un, cela va dans le sens du « progrès », de l’évolution des usages du numérique, des habitudes des citoyens. Je trouve simplement que les fait-divers présents, sont l’occasion de parler de nos choix technologiques et de ce qu’ils impliquent.

Il n’y a pas plus ou moins d’obligation avec un cahier, avec un appareil informatique ou un service sur le web. Par contre, les technologies changent les types de dangers encourus, et ne demande donc pas les mêmes précautions.

Le cahier

Avant les ENTs, et les applications comme , , , il y avait le cahier en papier. Il faut considérer ce cahier comme une technologie à part entière, c’est un choix technologique avec ses avantages et ses inconvénients.

D’ailleurs, le règlement européen sur la protection des données et ne s’y trompe pas, car le règlement s’applique aux documents en papier autant qu’aux documents numériques.

Si vous utilisez un cahier par élève, par exemple pour faire le bilan de compétences, se pose, autant qu’avec un iPad, la question du vol, de la destruction (l’eau est presque aussi mauvaise pour le papier que pour le matériel informatique), de l’accès aux données, de la transmission des données aux parents, de l’archivage pour l’administration, du droit à l’image (une photo d’un élève pouvant montrer un autre élève, les photos pouvant être archivées, etc.), du droit à l’oubli (suppression des données), etc.

Les ENTs

Les ENTs stockent les données sur Internet. Le gros avantage est que la responsabilité de la sauvegarde est du côté du prestataire de service, ce qui décharge grandement l’enseignant. De plus, les ENTs permettent généralement aux parents et aux élèves de se connecter, ce qui permet une communication aisée. Les défauts des ENTs sont :

  • la possibilité de plantage,
  • de piratage,
  • de coupure de service,
  • de coupure internet,
  • de localisation du stockage des données et des sauvegardes,
  • etc.

La plupart des services fonctionnent avec des serveurs américains, de façon direct ou non.

Mes applications

Avec mes applications, j’ai fait le choix de ne pas mettre de données sur Internet, ce qui a des avantages:

  • pas de plantage du service (même si l'app elle-même peut planter),
  • pas de piratage des serveurs,
  • pas de stockage de données à l’étranger,
  • fonctionnement sans WIFI dans la classe.

Mais qui a aussi des inconvénients :

  • obligation de l'utilisation de matériel Apple,
  • obligation de faire les sauvegardes soi-même,
  • perte de données potentielles en cas de perte/casse/vol de l’appareil,
  • communication difficile avec les parents (uniquement par email).

Aucune solution n’est parfaite, et le choix d’une technologie ou d’une autre se fera souvent plus sur les fonctionnalités que sur tel ou tel point de sécurité. Ainsi, le principal défaut du cahier est le temps passé par les enseignants à le remplir, de même, certaines maternelles n’ont pas le wifi dans les classes et ne permettent donc pas l’utilisation des ENTs. Mes applications de création de bilans répondent donc à un besoin très spécifique d’utilisation du numérique dans la classe, éventuellement sans WIFI, afin de soulager grandement l’enseignant du travail chronophage de remplissage des bilans.

RGPD

RGPD est un texte bien plus flou que ce que l’on en dit, qui instaure une responsabilité pour chaque acteur manipulant des données personnelles, mais afin que ces acteurs puissent librement s’échanger ces mêmes données. Toute la protection des données est basée sur la légitimité que vous avez à gérer ces données. Or, en tant qu’enseignant, vous avez des devoirs et des ordres de votre hiérarchie qui vous donne le droit, sans même en référer aux parents, de collecter des données. Ainsi, votre obligation de faire un bilan de compétence vous oblige à collecter des données sur vos élèves, et cette obligation rend l’opération licite.

Conclusion

J'ai choisi de ne pas parler de pédagogie dans cet article. Évidemment, le choix de mes applications est souvent un choix pédagogique, mettant l'élève au centre de son évaluation, et pas un choix technologique. Mais l'idée de cet article est de montrer qu'il n'y a pas de solution technologique parfaite (à part mes applications, évidemment 😁), et que nous sommes obligé de nous poser des questions sur les technologies que nous utilisons au quotidien.

Les ENTs ne sont ni mieux, ni moins bien que mes applications, ils sont utiles pour répondre à des besoins spécifiques, et il en est de même de mes applications. La législation, avec RGPD en particulier, a rendu le choix des outils plus difficile, car personne ne lit le texte. En réalité, vous avez le choix de l'outil le plus approprié à votre mission, et vous devez faire des efforts, quel que soit l'outil choisi, pour vous adapter à celui-ci en acceptant ses défauts.

Emmanuel CROMBEZ